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Page:Amiel - Grains de mil, 1854.djvu/73

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Et dans les mots profonds pris d’une langue antique,
Après la nuit le jour ; devise prophétique.

Restaient l’aigle et la clé. Sous leur air fantastique,
Quelle idée en secret se dérobait, mystique ?

Les cités, la nature et l’art ont une clé ;
Si la clé ferme, elle ouvre ; et son sens est voilé.

L’aigle altier, libre et seul, sait défendre son aire,
Brave autans et chasseurs et porte le tonnerre.

L’aigle ici veut-il dire Audace ou Liberté ?
Et la clé Défiance ou bien Sagacité ?

Ainsi la foi, l’espoir, et prudence et fierté
S’uniraient dans ton orbe, écusson respecté !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Jeune, je vis encor la porte et son attique,

Vestige disparu de quelque ville antique.

Mais qu’ont à faire ici tour ou porte ? Et pourquoi
Ce souvenir qui meurt vient-il revivre en moi ?

Ah ! j’ai beau l’étouffer sous une allégorie,
Mon cœur entend ta voix et tressaille, ô patrie !

Genève, 1853.