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Page:Anatole France - L’Église et la République.djvu/108

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qu’ont-ils à faire autre chose sous le régime du Concordat ? Il faut donc que, victime de l’astuce étourdie de Bonaparte qui barbouilla de théologie la loi française, un ministre des cultes, l’élégant M. Leygues par exemple, dispute avec le Nonce sur la question de savoir si Papa est dominus omnium beneficiorum, sans avoir sous la main un concile, un synode, un évêque, un clerc, ni même, comme Bonaparte, un Fesch, un âne mitre, pour lui faire épeler les decisiones Rotæ Merlini. Cela est plaisant, mais cela est fâcheux.

Peut-être nos ministres libres penseurs ont-ils, par ignorance et par indifférence, autant accordé à l’Église romaine que n’avaient fait sciemment et par amour les ministres des monarchies.

Ils ont supporté ce qui avait, jusque-là, paru intolérable ; ils ont supporté l’intervention du Pape dans nos affaires intérieures, que dis-je ? ils l’ont approuvée. Quand Léon XIII s’avisa de soutenir la République au nom des droits qu’il pouvait invoquer pour la combattre, et quand il ne la soutenait, de son propre aveu, que pour en changer les lois, le gouvernement républicain l’en félicita publiquement et accepta avec reconnaissance ce que les vieux rois n’auraient point permis.

La vérité, c’est que les partis en France se jettent le Pape à la tête ! « Le Pape est avec moi, disait Jules Ferry, le Pape est républicain et colonial ». « Prenez garde que le Pape ne nous retire le protectorat des chrétiens d’Orient », disent les catholiques. Le Pape