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Page:Anatole France - L’Affaire Crainquebille.djvu/51

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L’AFFAIRE CRAINQUEBILLE

— Quelle drôle d’idée ! Voilà une chose que j’aurais pas inventée, pour sûr.

S’étant assis, il tourna ses pouces et demeura dans l’étonnement. Le silence et la solitude l’accablaient.

Il s’ennuyait et il pensait avec inquiétude à sa voiture mise en fourrière encore toute chargée de choux, de carottes, de céleri, de mâche et de pissenlit. Et il se demandait anxieux :

— Où qu’ils m’ont étouffé ma voiture ?

Le troisième jour, il reçut la visite de son avocat, Me Lemerle, un des plus jeunes membres du barreau de Paris, président d’une des sections de la « Ligue de la Patrie française ».

Crainquebille essaya de lui conter son affaire, ce qui ne lui était pas facile, car il n’avait pas l’habitude de la parole. Peut-être s’en serait-il

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