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Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/28

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de descendre de Nez-d’Argent. J’ai hérité sa haine des hérétiques. Et je déteste les juifs, comme il détestait les protestants.

— Ce sont des sentiments bien louables, monsieur le duc, dit l’abbé Guitrel, bien louables et dignes du grand nom que vous portez. Permettez-moi seulement de vous présenter une observation sur un point particulier. Les juifs n’étaient pas considérés au moyen âge comme des hérétiques. Et ils ne sont pas à proprement parler des hérétiques. L’hérétique est celui qui, ayant été baptisé, connaît les dogmes de la foi, les altère ou les combat. Tels sont ou tels furent les ariens, les novatiens, les montanistes, les priscillianistes, les manichéens, les albigeois, les vaudois et les anabaptistes, les calvinistes, si bien accommodés par votre illustre aïeul Nez-d’Argent, et tant d’autres sectateurs ou défenseurs de quelque opinion contraire à la croyance de l’Église. Le nombre en est grand. Car la diversité est le propre de