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Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/78

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garde ; mes fils sont, à l’heure qu’il est, de grands garçons. La fantaisie n’aurait qu’à leur venir de fouiller dans la bibliothèque. C’est qu’on trouverait là dedans des livres qui ne doivent pas tomber sous la main d’un jeune homme, ni sous les yeux d’une femme qui se respecte… quel que soit son âge.

Et M. de Brécé ferma les armoires avec le zèle de bien faire, la certitude heureuse d’emprisonner la luxure, le doute, l’impiété, les mauvaises pensées. Il goûtait le fier contentement de mettre sous clef le mal universel. Et ce sentiment, s’il s’y mêlait quelque vanité d’homme simple et quelque secrète jalousie d’ignorant, était encore assez pur et beau. Quand il eut fourré le trousseau de clefs dans sa poche, M. de Brécé tourna sur M. Lerond une face satisfaite.

— Au-dessus, dit-il, se trouve la chambre du roi. Les anciens inventaires embrassent sous cette dénomination tout l’étage supérieur. La chambre proprement dite ren-