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Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/80

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il. Ce sera pour une autre fois… À droite, monsieur Lerond, à droite, s’il vous plaît.

Dans l’embrasure de la porte, l’ancien substitut s’écria :

— Quels murs, monsieur le duc, quels murs ! Ils sont d’une épaisseur !

Son mince visage, demeuré tranquille et froid devant les trophées de chasse du vestibule, devant les peintures historiques du salon, devant les tapisseries somptueuses, le plafond magnifique de la galerie, devant ces beaux livres, ces reliures de maroquin au petit fer, s’animait, s’illuminait, éclatait d’admiration. M. Lerond avait enfin découvert un sujet de surprise et d’émoi, de méditation et de plaisir moral, un mur. Son âme de juge, brisée dans sa fleur en même temps que sa fortune, lors de l’exécution des Décrets, son cœur privé trop tôt de la joie de punir, jubilait à la vue d’un mur, de la chose sourde, muette et sombre qui rappelait à sa pensée ravie les idées de prison, de