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Page:Anatole France - L’Orme du mail.djvu/48

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convoitises amassées dans son âme depuis le temps où elle traînait sa jeune misère devant les étalages des brocanteurs, au quartier Bréda. Elle lui dit qu’elle rêvait un salon avec de vieilles chapes et de vieilles chasubles, et qu’elle recherchait aussi les bijoux anciens.

Il répondit qu’en effet les ornements sacerdotaux offraient aux artistes des modèles précieux, et qu’il y avait là une preuve que l’Église n’était pas ennemie des arts.

À compter de ce jour, M. Guitrel alla dénicher dans les sacristies rurales des vieilleries somptueuses, et il ne se passait guère de semaine qu’il n’apportât chez Rondonneau jeune, sous sa douillette, quelque chasuble ou quelque chape, enlevée adroitement à un innocent curé. M. Guitrel était fort exact d’ailleurs à remettre à la fabrique dépouillée la pièce de cent sous dont le préfet payait la soie, le brocart, le velours et les galons.

En six mois, le salon de madame Worms-