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Page:Anatole France - L’Orme du mail.djvu/84

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Un an plus tard il apprenait la fin tragique de ce président pour le salut duquel il aurait voulu mourir et qu’il revoyait désormais, dans sa pensée, raide et noir, comme le drapeau roulé autour de sa hampe et recouvert de son étui, dans la caserne.

Depuis cette époque, il avait ignoré les maîtres civils de la France. Il ne voulait rien savoir que de ses supérieurs hiérarchiques, auxquels il obéissait avec une morne exactitude. Peiné de répondre par un refus au vénérable abbé de Lalonde, il se recueillit un moment et puis il donna ses raisons :

— Une question de principes. Je ne demande jamais rien au gouvernement. Vous m’approuvez, n’est-ce pas ?… Car du moment qu’on s’est fait une règle…

L’aumônier le regarda avec une expression de tristesse comme jetée par-dessus son vieux visage heureux.

— Oh ! comment pourrais-je vous approuver, mon général, moi qui demande à