Aller au contenu

Page:Anatole France - L’Orme du mail.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rencontrer », dit l’abbé Lantaigne, qui étalait volontiers devant l’universitaire d’innocentes coquetteries de lettré.

En quelques phrases très vagues, ils échangèrent l’aveu de la grande pitié que leur inspirait le monde où ils vivaient. Seulement l’abbé Lantaigne déplorait le déclin de cette antique cité, si riche de savoir et de pensée au moyen âge, et maintenant soumise à quelques boutiquiers francs-maçons ; et, tout au contraire, M. Bergeret disait :

— Les hommes furent jadis ce qu’ils sont à présent, c’est-à-dire médiocrement bons et médiocrement mauvais.

— Non pas ! répliqua M. Lantaigne, les hommes étaient vigoureux par le caractère et par la doctrine au temps où Raimund le Grand, surnommé le Docteur balsamique, enseignait dans cette ville la somme des connaissances humaines.

Le prêtre et le professeur s’assirent sur un banc de pierre où déjà se tenaient sans