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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/106

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a rien dit, bien qu’elle soit la servante d’un curé. Malheureusement, elle quitta toute jeune la Gascogne pour venir en France, et elle n’eut plus de nouvelles de M. d’Astarac, de ses carafes et de ses marmousets. J’espère bien, mon Jacquot, qu’il a renoncé à ces œuvres maudites, qu’on ne peut accomplir sans l’aide du démon.

Je demandai :

— Dites-moi, ma bonne mère, Cadette Saint-Avit, la servante de M. le curé, a-t-elle vu de ses yeux les dames dans les carafes ?

— Non point, mon enfant. M. d’Astarac était bien trop secret pour montrer ces poupées. Mais elle en a ouï parler par un homme d’église, du nom de Fulgence, qui hantait le château et jurait avoir vu ces petites personnes sortir de leur prison de verre pour danser un menuet. Et elle n’avait en cela que plus de raison d’y croire. Car on peut douter de ce qu’on voit, mais non pas de la parole d’un honnête homme, surtout quand il est d’église. Il y a encore un malheur à ces pratiques, c’est qu’elles sont extrêmement coûteuses et l’on ne s’imagine point, m’a dit Cadette Saint-Avit, les dépenses que fit ce monsieur Hercule pour se procurer les bouteilles de diverses