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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/141

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d’œil sur le monde vous fait paraître que la création tout entière est une œuvre de feu et que la vie doit, sous ses plus belles formes, se nourrir de flammes !

» Et qu’est-ce que les planètes ? Des gouttes de boue, un peu de fange et de moisissure. Contemplez le chœur auguste des étoiles, l’assemblée des soleils. Ils égalent ou surpassent le nôtre en grandeur et en puissance et, lorsque, par quelque claire nuit d’hiver, je vous aurai montré Sirius dans ma lunette, vos yeux et votre âme en seront éblouis.

» Croyez-vous, de bonne foi, que Sirius, Altaïr, Régulus, Aldébaran, tous ces soleils enfin, soient seulement des luminaires ? Croyez-vous que ce vieux Phébus, qui verse incessamment dans les espaces où nous nageons ses flots démesurés de chaleur et de lumière, n’ait d’autre fonction que d’éclairer la terre et quelques autres planètes imperceptibles et dégoûtantes ? Quelle chandelle! Un million de fois plus grosse que le logis !

» J’ai dû vous présenter d’abord cette idée que l’Univers est composé de soleils et que les planètes qui peuvent s’y trouver sont moins que rien. Mais je prévois que vous voulez me faire une objection, et j’y vais répondre. Les