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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/143

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êtres formés du feu jouissent d’une sagesse et d’une intelligence dont il nous est impossible de concevoir l’étendue.

» Telle est, mon fils, la nature des enfants glorieux des soleils : ils possèdent les lois de l’univers comme nous possédons les règles du jeu d’échecs, et le cours des astres dans le ciel ne les embarrasse pas plus que ne nous trouble la marche sur le damier du roi, de la tour et du fou. Ces Génies créent des mondes dans les parties de l’espace où il ne s’en trouve point encore et les organisent à leur gré. Cela les distrait, un moment, de leur grande affaire qui est de s’unir entre eux par d’ineffables amours. Je tournais hier ma lunette sur le signe de la Vierge et j’y aperçus un tourbillon lointain de lumière. Nul doute, mon fils, que ce ne soit l’ouvrage encore informe de quelqu’un de ces êtres de feu.

» L’univers à vrai dire n’a pas d’autre origine. Loin d’être l’effet d’une volonté unique, il est le résultat des caprices sublimes d’un grand nombre de Génies qui se sont récréés en y travaillant chacun en son temps et chacun de son côté. C’est ce qui en explique la diversité, la magnificence et l’imperfection. Car la force et la clairvoyance de ces Génies, encore qu’immenses,