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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/165

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et stables. Leur absurdité n’est qu’apparente et cache une sagesse inconcevable. Si elles blessent notre raison, c’est parce qu’elles y sont supérieures et qu’elles s’accordent avec les vraies fins de l’homme, et non avec ses fins apparentes. Il convient de les observer, quand on a le bonheur de les connaître. Toutefois, je ne fais pas de difficulté d’avouer que l’observation de ces lois, contenues dans le Décalogue et dans les commandements de l’Église, est difficile, la plupart du temps, et même impossible sans la grâce qui se fait parfois attendre, puisque c’est un devoir de l’espérer. C’est pourquoi nous sommes tous de pauvres pécheurs.

» Et c’est là qu’il faut admirer l’économie de la religion chrétienne, qui fonde principalement le salut sur le repentir. Il est à remarquer, mon fils, que les plus grands saints sont des pénitents, et, comme le repentir se proportionne à la faute, c’est dans les plus grands pécheurs que se trouve l’étoffe des plus grands saints. Je pourrais illustrer cette doctrine d’un grand nombre d’exemples admirables. Mais j’en ai dit assez pour vous faire sentir que la matière première de la sainteté est la concupiscence, l’incontinence, toutes les impuretés