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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/241

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maudite chambre d’où j’avais vu, naguère, sortir des lueurs infernales. Et quand nous fûmes entrés l’un et l’autre dans le laboratoire, il me pria de nourrir le feu qui languissait. Je jetai quelques morceaux de bois dans le fourneau, où cuisait je ne sais quoi, qui répandait une odeur suffocante. Pendant que, remuant coupelles et matras, il faisait sa noire cuisine, je demeurais sur un banc où je m’étais laissé choir, et je fermais malgré moi les yeux. Il me força à les rouvrir pour admirer un vaisseau de terre verte, coiffé d’un chapiteau de verre, qu’il tenait à la main.

— Mon fils, me dit-il, il faut que vous sachiez que cet appareil sublimatoire a nom aludel. Il renferme une liqueur, qu’il convient de regarder avec attention, car je vous révèle que cette liqueur n’est autre que le mercure des philosophes. Ne croyez pas qu’elle doive garder toujours cette teinte sombre. Avant qu’il soit peu de temps, elle deviendra blanche et, dans cet état, elle changera les métaux en argent. Puis, par mon art et industrie, elle tournera au rouge et acquerra la vertu de transmuer l’argent en or. Il serait sans doute avantageux pour vous qu’enfermé dans cet atelier, vous n’en bougiez point avant que ces sublimes