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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/265

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marqua qu’il comptait absolument sur moi pour le succès de ses désirs, et qu’il me pressa d’aller trouver Jahel afin de la résoudre à un enlèvement par la promesse d’un trousseau en toile de Hollande, de vaisselle, de bijoux et d’une bonne rente.

— Oh ! monsieur, m’écriai-je, ce monsieur d’Anquetil est d’une rare insolence. Que croyez-vous que Jahel réponde à ces propositions, quand elle les connaîtra ?

— Mon fils, me répondit-il, elle les connaît à cette heure, et je crois qu’elle les agréera.

— Dans ce cas, repris-je vivement, il faut avertir Mosaïde.

— Mosaïde, répondit mon bon maître, n’est que trop averti. Vous avez entendu tantôt, proche le pavillon, les derniers éclats de sa colère.

— Quoi ? monsieur, dis-je avec sensibilité, vous avez averti ce juif du déshonneur qui allait atteindre sa famille ! C’est bien à vous ! Souffrez que je vous embrasse. Mais alors, le courroux de Mosaïde, dont nous fûmes témoins, menaçait M. d’Anquetil, et non pas vous ?

— Mon fils, reprit l’abbé avec un air de noblesse et d’honnêteté, une naturelle indul-