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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/284

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révélé leurs secrets, fut assassiné par les Sylphes, sur la route de Lyon.

— Sur la route de Lyon, dit mon bon maître. Voilà qui est étrange !

M. d’Astarac nous quitta de façon soudaine.

— Je vais, dit l’abbé, monter une fois encore dans cette auguste bibliothèque où je goûtai d’austères voluptés et que je ne reverrai plus. Ne manquez point, Tournebroche, de vous trouver à la tombée du jour, au rond-point des Bergères.

Je promis de n’y point manquer ; j’avais dessein de m’enfermer dans ma chambre pour écrire à M. d’Astarac et à mes bons parents qu’ils voulussent bien m’excuser si je ne prenais point congé d’eux, en fuyant, après une aventure où j’étais plus malheureux que coupable.

Mais j’entendis du palier des ronflements qui sortaient de ma chambre, et je vis, en entr’ouvrant la porte, M. d’Anquetil endormi dans mon lit avec son épée à son chevet et des cartes à jouer répandues sur ma couverture. J’eus un moment l’envie de le percer de sa propre épée ; mais cette idée me quitta sitôt venue, et je le laissai dormir, riant en moi-