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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/341

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je reconnus M. d’Astarac. Si inattendue que fût cette rencontre, je n’en eus pas même de surprise, abîmé que j’étais par la douleur de tenir le meilleur des maîtres expirant dans mes bras.

— Qu’est cela, mon fils ? demanda l’alchimiste.

— Venez à mon secours, monsieur, lui répondis-je. L’abbé Coignard se meurt. Mosaïde l’a assassiné.

— Il est vrai, reprit M. d’Astarac, que Mosaïde est venu ici dans une vieille calèche à la poursuite de sa nièce, et que je l’ai accompagné pour vous exhorter, mon fils, à reprendre votre emploi dans ma maison. Depuis hier nous serrions d’assez près votre berline, que nous avons vue tout à l’heure s’abîmer dans une ornière. À ce moment, Mosaïde est descendu de la calèche, et, soit qu’il ait fait un tour de promenade, soit plutôt qu’il lui ait plu de se rendre invisible comme il en a le pouvoir, je ne l’ai point revu. Il est possible qu’il se soit déjà montré à sa nièce pour la maudire ; car tel était son dessein. Mais il n’a pas assassiné l’abbé Coignard. Ce sont les Elfes, mon fils, qui ont tué votre maître, pour le punir d’avoir révélé leurs secrets. Rien n’est plus certain.