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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/348

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— Laissez, mon fils, répondit-il, je m’entretiens des sentiments propres à mon état.

— L’eau est chaude, me dit le barbier. Tenez ce bassin près du lit. Je vais laver la plaie.

Tandis qu’il passait sur la poitrine de mon bon maître une éponge imbibée d’eau tiède, le curé entra dans la chambre avec madame Coquebert. Il tenait à la main un panier et des ciseaux.

— Voilà donc ce pauvre homme, dit-il. J’allais à mes vignes, mais il faut soigner avant tout celles de Jésus-Christ. Mon fils, ajouta-t-il en s’approchant de lui, offrez votre mal à Notre-Seigneur. Peut-être n’est-il pas si grand qu’on croit. Au demeurant, il faut faire la volonté de Dieu.

Puis, se tournant vers le barbier :

— Monsieur Coquebert, demanda-t-il, cela presse-t-il beaucoup, et puis-je aller à mon clos ? Le blanc peut attendre, il n’est pas mauvais qu’il vienne à pourrir, et même un peu de pluie ne ferait que rendre le vin plus abondant et meilleur. Mais il faut que le rouge soit cueilli tout de suite.

— Vous dites vrai, monsieur le curé, répondit Coquebert ; j’ai dans ma vigne des grappes