Aller au contenu

Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/353

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment de surprendre l’art par lequel les Salamandres, les Sylphes et les Gnômes mûrissent la rosée matinale et la changent insensiblement en cristal et en diamant.

— Hélas ! monsieur, je vous assure qu’il n’y songeait point, et que c’est cet horrible Mosaïde qui l’a frappé d’un coup de stylet sur la route.

Ces propos déplurent extrêmement à M. d’Astarac qui m’invita d’une façon pressante à n’en plus tenir de semblables.

— Mosaïde, ajouta-t-il, est assez bon cabbaliste pour atteindre ses ennemis sans se donner la peine de courir après eux. Sachez, mon fils, que, s’il avait voulu tuer M. Coignard, il l’eût fait aisément de sa chambre, par opération magique. Je vois que vous ignorez encore les premiers éléments de la science. La vérité est que ce savant homme, instruit par le fidèle Criton de la fuite de sa nièce, prit la poste pour la rejoindre et la ramener au besoin dans sa maison. Ce qu’il eût fait sans faute, pour peu qu’il eût discerné dans l’âme de cette malheureuse quelque lueur de regret et de repentir. Mais, la voyant toute corrompue par la débauche, il préféra l’excommunier et la maudire par les Globes, les Roues et les Bêtes d’Élisée. C’est