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Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/96

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Et, promenant encore ses regards ravis sur ces murailles savantes :

— Voici, s’écria-t-il, entre la troisième fenêtre et la quatrième, des tablettes qui portent un illustre faix. Les manuscrits orientaux s’y sont donné rendez-vous et semblent converser ensemble. J’en vois dix ou douze très vénérables, sous les lambeaux de pourpre et de soie brochée d’or qui les revêtent. Il en est qui portent à leur manteau, comme un empereur byzantin, des agrafes de pierreries. D’autres sont renfermés dans des plaques d’ivoire.

— Ce sont, dit M. d’Astarac, les cabbalistes juifs, arabes et persans. Vous venez d’ouvrir la Puissante Main. Vous trouverez à côté la Table couverte, le Fidèle Pasteur, les Fragments du Temple et la Lumière dans les ténèbres. Une place est vide : celle des Eaux lentes, traité précieux, que Mosaïde étudie en ce moment. Mosaïde, comme je vous l’ai dit, messieurs, est occupé dans ma maison à découvrir les plus profonds secrets contenus dans les écrits des Hébreux et, bien qu’âgé de plus d’un siècle, ce rabbin consent à ne point mourir avant d’avoir pénétré le sens de tous les symboles cabbalistiques. Je lui en ai beaucoup d’obligation, et je vous prie, messieurs, de lui montrer, quand vous