Aller au contenu

Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XX

APOLOGIE DE LA GUERRE

— Mes parents, dit M. Danquin, habitaient Lyon où je naquis. J’étais tout enfant quand, un matin assez frais, mon père me mena sur un quai où affluait une foule énorme d’ouvriers, de bourgeois, de femmes, et me mit sur ses épaules pour me faire voir l’Empereur qui venait de Grenoble. Il traversait le pont du Rhône à pied, seul. Un peloton de cavalerie le précédait de plus de cent pas ; son état-major marchait à une grande distance derrière lui ; je vis sa tête énorme, sa face pâle. Sa redingote grise croisée sur sa large poitrine. Sans insignes, sans armes, il tenait à la main une branche de coudrier encore revêtue de ses