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Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/283

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— Mademoiselle, vous êtes toujours jolie, mais vous l’êtes plus encore qu’à l’ordinaire, si c’est possible, en dansant le fandango.

Je jugeai le compliment assez sot, mais Philippine tourna sur Renaudin un regard heureux et tendre, et qui donnait raison au flatteur, car, en ce moment, la joie la rendait presque jolie.

On dansait beaucoup chez mon parrain, et je me rappelle encore la moiteur charmante qui rosait le visage de Marthe Bondois après la valse. Le docteur Renaudin introduisait parfois dans les danses les plus correctes des entrechats appris, durant sa studieuse jeunesse, dans les bals publics du quartier latin, mais madame Danquin était trop innocente pour s’en apercevoir. Pour moi, je dansais très mal. Mademoiselle Gobelin avec qui je dansais souvent, parce qu’elle était moins invitée que les autres, souffrait de ma maladresse et, bien des fois, elle m’offrit de me donner des leçons.

À la danse, je préférais les petits jeux de société et les charades qui étaient en grande faveur chez mon parrain. Et il me souvient de baisers donnés à travers le dossier d’une chaise, à Edmée Girey, à Madeleine Delarche,