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Page:Anatole France - Le Jardin d’Épicure.djvu/104

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nettes. C’est un spectacle qui passe en philosophie les tragédies de Shakespeare et les drames de M. d’Ennery. Oh ! qu’on apprécie bien là tout ensemble la grâce de Dieu et celle du diable !

Le théâtre représente une solitude affreuse, mais qui sera bientôt peuplée d’anges et de démons. L’action, en se déroulant, imprime dans les cœurs une terrible impression de fatalité, qui résulte de l’intervention symétrique des démons et des anges, ainsi que de l’allure des personnages, qui sont conduits par des fils que tient une main invisible. Pourtant, quand, après avoir fait sa prière, le grand Saint-Antoine, encore agenouillé soulève son front devenu calleux comme le genou des chameaux, pour avoir été