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Page:Anatole France - Le Jardin d’Épicure.djvu/110

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LE JARDIN D'ÉPICURE

nous. Les poètes nous aident à aimer : ils ne servent qu’à cela. Et c’est un assez bel emploi de leur vanité délicieuse. Aussi en est-il de leurs strophes comme des femmes ; rien n’est plus vain que de les louer : la mieux aimée sera toujours la plus belle. Quant à faire confesser au public que celle qu’on a choisie est incomparable, cela est plutôt d’un chevalier errant que d’un homme sage.

Je ne sais si, comme la théologie l’enseigne, la vie est une épreuve ; en tout cas, ce n’est pas une épreuve à laquelle nous soyons soumis volontairement. Les conditions n’en sont pas réglées