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Page:Anatole France - Le Jardin d’Épicure.djvu/117

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LE JARDIN D'ÉPICURE

réfléchit, ce chat, qui était un chasseur, comme M. Aristide, pouvait bien, comme lui, croire aux causes finales, et, dans ce cas, il ne doutait point que les chardonnerets ne fussent pondus pour lui. C’est une illusion bien naturelle. Le coup de revolver lui apprit un peu tard qu’il se trompait sur la cause finale des petits oiseaux qui piaillent dans les rosiers. Quel être ne se croit pas la fin de l’univers et n’agit pas comme s’il l’était ? C’est la condition même de la vie. Chacun de nous pense que le monde aboutit à lui. Quand je parle de nous, je n’oublie pas les bêtes. Il n’est pas un animal qui ne se sente la fin suprême où tendait la nature. Nos voisins, comme le revolver de M. Aristide, ne manquent point de nous