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Page:Anatole France - Le Jardin d’Épicure.djvu/133

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LE JARDIN D'ÉPICURE

Bannir le caprice et la curiosité, que cela est cruel ! Ce dont je me plains, ce n’est pas que les positivistes veuillent nous interdire toute recherche sur l’essence, l’origine et la fin des choses. Je suis bien résigné à ne connaître jamais la cause des causes et la fin des fins. Il y a beau temps que je lis les traités de métaphysique comme des romans plus amusants que les autres, non plus véritables. Mais ce qui rend le positivisme amer et désolant, c’est la sévérité avec laquelle il interdit les sciences inutiles, qui sont les plus aimables. Vivre sans elles serait-ce encore vivre ? Il ne nous laisse pas jouer en liberté avec les phénomènes et nous enivrer des vaines apparences. Il condamne la folie délicieuse d’explorer les