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Page:Anatole France - Le Jardin d’Épicure.djvu/169

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sont profondes et touchent aux plus grands mystères de la nature humaine. Le cloître a été pris d’assaut et renversé. Ses ruines désertes se sont repeuplées. Certaines âmes y vont par une pente naturelle ; ce sont des âmes claustrales. Parce qu’elles sont inhumaines et pacifiques, elles quittent le monde et descendent avec joie dans le silence et la paix. Plusieurs sont nées lasses ; elles n’ont point de curiosité. Elles se traînent inertes et sans désir. Ne sachant ni vivre ni mourir, elles embrassent la vie religieuse comme une moindre vie et comme une moindre mort. D’autres sont amenées au cloître par des raisons détournées. Elles ne prévoyaient pas le but. Innocentes blessées, une déception précoce, un deuil