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Page:Anatole France - Le Jardin d’Épicure.djvu/187

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LE JARDIN D'ÉPICURE

une tête de poisson et semé d’étoiles. Il portait une robe pourpre, brodée de figures d’animaux, et tenait d’une main un aviron, de l’autre des tablettes. Je ne me troublai point à sa vue. Que des fantômes apparaissent dans une bibliothèque, rien de plus naturel. Où se montreraient les ombres des morts, sinon au milieu des signes qui gardent leur souvenir ? J’invitai l’étranger à s’asseoir. Il n’en fit rien.

— Laissez, me dit-il, et faites comme si je n’étais pas là, je vous prie. Je suis venu regarder ce que vous écriviez sur ce mauvais papier. J’y prends plaisir ; non que je me soucie en aucune façon des idées que vous pouvez exprimer. Mais les caractères que vous tracez m’in-