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Page:Anatole France - Le Jardin d’Épicure.djvu/242

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LE JARDIN D'ÉPICURE

ombres qui, assemblées sur un champ d’asphodèles, discouraient ensemble. Il s’y trouvait des âmes de tous les temps et de tous les pays, et j’y reconnus de grands philosophes mêlés à de pauvres sauvages. Caché dans l’ombre d’un myrte, j’écoutai leur conversation. J’entendis d’abord Pyrrhon demander, avec un air de douceur, les mains sur sa bêche comme un bon jardinier :

— Qu’est-ce que l’âme ?

Les ombres qui l’entouraient répondirent presque à la fois.

Le divin Platon dit avec subtilité :

— L’âme est triple. Nous avons une âme très grossière dans le ventre, une âme affectueuse dans la poitrine et une âme raisonnable dans la tête. L’âme est