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Page:Anatole France - Le Jardin d’Épicure.djvu/267

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LE JARDIN D'ÉPICURE

siciens s’ils choisissent volontiers, pour les polir, les mots qui leur arrivent un peu frustes. De la sorte ils s’épargnent une bonne moitié de la besogne. Parfois, plus heureux encore, ils mettent la main sur des mots qui, par un long et universel usage, ont perdu, de temps immémorial, toute trace d’effigie. La phrase du petit Manuel en contient jusqu’à deux de cette sorte.

ARISTE.

Vous voulez parler, je suis sûr, des mots Dieu et âme.

POLYPHILE.

C’est vous qui les avez nommés, Ariste. Ces deux mots-là, frottés durant des siècles, n’ont plus trace de figure. Avant la métaphysique, ils étaient déjà parfai-