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Page:Anatole France - Le Jardin d’Épicure.djvu/297

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LE JARDIN D'ÉPICURE

j’étudiai la physiologie. Les principes en sont assez stables depuis une trentaine d’années. Ils consistent à fixer proprement une grenouille avec des épingles sur une planche de liège et à l’ouvrir pour observer les nerfs et le cœur, qui est double. Mais je reconnus tout de suite que, par cette méthode, il faudrait beaucoup plus de temps que n’en assure la vie pour découvrir le secret profond des êtres. Je sentis la vanité de la science pure, qui, n’embrassant qu’une parcelle infiniment petite des phénomènes, surprend des rapports trop peu nombreux pour former un système soutenable. Je pensai un moment me jeter dans l’industrie. Ma douceur naturelle m’arrêta. Il n’y a pas d’entreprise dont on puisse dire d’avance si elle