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Page:Anatole France - Le Jardin d’Épicure.djvu/302

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LE JARDIN D'ÉPICURE

n’employer les mots qu’après les avoir dépouillés de toute signification si les malheureux qui se livrent à cet amusement ne le prenaient point au sérieux et s’ils n’y devenaient point odieusement égoïstes, irritables, jaloux, envieux, maniaques et déments. Ils attachent à ces niaiseries des idées de gloire. Ce qui prouve leur délire. Car de toutes les illusions qui peuvent naître dans un cerveau malade, la gloire est bien la plus ridicule et la plus funeste. C’est ce qui me fait pitié. Ici, les laboureurs chantent dans le sillon les chansons des aïeux ; les bergers, assis au penchant des collines, taillent avec leur couteau des figures dans des racines de buis, et les ménagères pétrissent, pour les fêtes religieuses, des pains