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Page:Anatole France - Le Jardin d’Épicure.djvu/304

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LE JARDIN D'ÉPICURE

de la jouissance, dont nous sentons le besoin instinctif ; elle nous tourmente par d’affreuses illusions, en nous représentant des monstres qui n’existent que par elle ; elle crée notre petitesse en mesurant les astres, la brièveté de la vie en évaluant l’âge de la terre, notre infirmité en nous faisant soupçonner ce que nous ne pouvons ni voir ni atteindre, notre ignorance en nous cognant sans cesse à l’inconnaissable et notre misère en multipliant nos curiosités sans les satisfaire.

» Je ne parle que de ses spéculations pures. Quand elle passe à l’application, elle n’invente que des appareils de torture et des machines dans lesquelles les malheureux humains sont suppliciés. Visitez quelque cité industrielle ou des-