Aller au contenu

Page:Anatole France - Le Jardin d’Épicure.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

enfante et dévore dans un perpétuel travail ; nous savons qu’il naît sans cesse et qu’il meurt des astres. Mais en quoi notre morale a-t-elle été changée par de si prodigieuses découvertes ? Les mères en ont-elles mieux ou moins bien aimé leurs petits enfants ? En sentons-nous plus ou moins la beauté des femmes ? Le cœur en bat-il autrement dans la poitrine des héros ? Non ! non ! que la terre soit grande ou petite, il n’importe à l’homme. Elle est assez grande pourvu qu’on y souffre, pourvu qu’on y aime. La souffrance et l’amour, voilà les deux sources jumelles de son inépuisable beauté. La souffrance ! quelle divine méconnue ! Nous lui devons tout ce qu’il y a de bon en nous, tout ce qui donne du prix à la vie ; nous lui