Aller au contenu

Page:Anatole France - Le Jardin d’Épicure.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
70
LE JARDIN D'ÉPICURE

rire séraphique les restes noirs de trois dents et que ses yeux, qui cherchaient le ciel, roulaient entre des paupières sanglantes, je l’admirais et, loin de le plaindre, j’enviais un être si merveilleusement préservé, par la déformation parfaite de son corps, des troubles de la chair, des faiblesses des sens et des tentations que la nuit apporte dans ses ombres. Je l’estimais heureux entre les hommes. Or, un jour, comme tous deux nous descendions au soleil la rampe des collines, en disputant de la grâce, ce prêtre s’arrêta tout à coup, posa lourdement sa main sur mon bras et me dit d’une voix vibrante que j’entends encore :

— Je l’affirme, je le sais : la chasteté