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Page:Anatole France - Le Testament politique et religieux du président Cassignol, paru dans L’Écho de Paris, 01 mars 1898.djvu/9

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— Et il était croyant ! dit Monsieur Lerond.

— Du fond de sa désolation, reprit Monsieur Cassignol, s’il avait cessé de croire, il l’aurait crié au monde. Réprima-t-il jamais l’impétueuse sincérité de son âme ? Il faut remarquer, d’ailleurs, que, théologien médiocre, il ne s’appliquait guère à l’examen du dogme. Ce qui occupait son âme tout entière, c’était l’action sociale du christianisme, le règne de l’Église sur le monde. Il vivait dans le plus puissant système de théocratie qu’un prêtre eût jamais construit depuis Grégoire  VII. C’est par là, Messieurs, que sa pensée fut grande et féconde. C’est par là qu’elle vit encore et répand la vie. D’abord royaliste et chrétien, il n’avait pas tardé à subordonner la royauté temporelle à la royauté spirituelle. Sans pape, point