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Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/133

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se la représentant alourdie par une jupe bouffante.

— Vous ne devineriez pas, dit Gromance, où je suis allé aujourd’hui. Je suis allé au Sénat. Il n’y avait pas séance. Laprat-Teulet m’a fait visiter le palais. J’ai tout vu, la salle, la galerie des Bustes, la bibliothèque. C’est un beau local.

Et, ce qu’il ne disait point, dans l’hémicycle où devaient siéger les pairs après la restauration du Roi, il avait palpé les fauteuils de velours, choisi sa place, au centre. Et avant de sortir, il avait demandé à Laprat-Teulet où était la caisse. Cette visite au palais des pairs futurs avait ranimé ses convoitises. Il répéta, dans la grande sincérité de son cœur :

— Sauvons la France, monsieur Lacrisse, sauvons la France : il n’est que temps.

Lacrisse s’en chargeait. Il montra une grande confiance et il affecta une grande discrétion. Il fallait l’en croire, tout était