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Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/142

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Que les impressions de la baronne Jules étaient plus chevaleresques et plus tendres ! La douce Viennoise s’intéressait de tout son cœur à cet élégant complot, dont l’œillet blanc était l’emblème. Justement, elle adorait les fleurs ! Être mêlée à une conspiration de gentilshommes en faveur du Roi, c’était pour elle entrer et plonger dans la vieille noblesse française, pénétrer dans les salons les plus aristocratiques et bientôt, peut-être, aller à la Cour. Elle était émue, ravie, troublée. Moins ambitieuse encore que tendre, ce qu’elle trouvait à cette lettre du Prince, dans la sincérité de son cœur aisément ouvert, ce qu’elle trouvait à cette lettre, c’était de la poésie. Et l’innocente femme le dit comme elle le pensait :

— Monsieur Lacrisse, cette lettre est poétique.

— C’est vrai, répondit Joseph Lacrisse. Et ils échangèrent un long regard.

Nulle parole mémorable ne fut dite après