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Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/151

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même disait : « Du moment que nous avons tout ce que nous pouvons désirer, pourquoi essayer de chambarder la boutique, au risque d’écoper salement ? » Ô temps heureux ! Méline menait la ronde. Nationalistes, monarchistes, antisémites, plébiscitaires, nous dansions en chœur à son violon villageois.

» Tous ruraux, tous fortunés ! Sous Dupuy déjà, j’étais moins content ; avec lui, c’était moins franc. On était moins tranquille. Bien sûr qu’il ne voulait pas nous faire du mal. Mais ce n’était pas un vrai ami. Ce n’était plus le bon ménétrier de village qui menait la noce. C’était un gros cocher qui nous trimballait en fiacre. Et l’on allait cahin-caha et l’on accrochait de-ci de-là, et l’on risquait de verser. Il avait la main dure. Vous me direz que c’était un faux maladroit. Mais la fausse maladresse ressemble énormément à la vraie. Et puis il ne savait pas où il voulait aller. On en voit comme ça,