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Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/196

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dessus des haines et des partialités, et qu’enfin c’est un esprit libre.

» Cette liberté intérieure, la plus précieuse de toutes, ses persécuteurs ne purent la lui ôter. Dans la prison où ils l’enfermèrent et dont les pierres, comme a dit Fernand Gregh, formeront le socle de sa statue, il était libre, plus libre qu’eux. Ses lectures abondantes, ses propos calmes et bienveillants, ses lettres pleines d’idées hautes et sereines attestaient (je le sais) la liberté de son esprit. C’est eux, ses persécuteurs et ses calomniateurs, qui étaient prisonniers, prisonniers de leurs mensonges et de leurs crimes. Des témoins l’ont vu paisible, souriant, indulgent, derrière les barrières et les grilles. Alors que se faisait ce grand mouvement d’esprits, que s’organisaient ces réunions publiques qui réunissaient par milliers des savants, des étudiants et des ouvriers, que des feuilles de pétitions se couvraient de signatures pour demander, pour exiger la fin