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Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/202

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n’altéra point une amitié formée dès l’enfance. Jumage s’intéressait vraiment à Bergeret dans les disgrâces que celui-ci essuyait au cours parfois tourmenté de sa vie. Il allait le voir à chaque malheur qu’il apprenait. C’était l’ami des mauvais jours.

Ce soir-là, il s’approcha de son vieux camarade avec cette mine brouillée et trouble, ce visage couperosé de joie et de tristesse, que Lucien connaissait.

— Tu vas bien, Lucien ? Je ne te dérange pas ?

— Non. Je lisais dans les Mille et une Nuits, nouvellement traduites par le docteur Mardrus, l’histoire du portefaix avec les jeunes filles. Cette version est littérale, et c’est tout autre chose que les Mille et une Nuits de notre vieux Galland.

— Je venais te voir… dit Jumage, te parler… Mais ça n’a aucune importance… Alors tu lisais les Mille et une Nuits ?…

— Je les lisais, répondit M. Bergeret. Je