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Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/247

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barre la rue. Nous serions sur la place de la Concorde, qu’elle me barrerait la place. Le bras allongé d’un misérable est une barrière que je ne saurais franchir. C’est une faiblesse que je ne puis vaincre. Donne à ce truand. C’est pardonnable. Il ne faut pas s’exagérer le mal qu’on fait.

— Papa, je suis inquiète de savoir ce que tu feras de Clopinel, dans ta république. Car tu ne penses pas qu’il vive des fruits de son travail ?

— Ma fille, répondit M. Bergeret, je crois qu’il consentira à disparaître. Il est déjà très diminué. La paresse, le goût du repos le dispose à l’évanouissement final. Il rentrera dans le néant avec facilité.

— Je crois au contraire qu’il est très content de vivre.

— Il est vrai qu’il a des joies. Il lui est délicieux sans doute d’avaler le vitriol de l’assommoir. Il disparaîtra avec le dernier mastroquet. Il n’y aura plus de marchands