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Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/26

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orgueil les formes de son superbe blason, armes parlantes dressées là, comme un exemple et un reproche, sur cette cité stérile.

Rentré dans la maison démeublée, Riquet frotta de ses pattes les jambes de son maître, leva sur lui ses beaux yeux affligés ; et son regard disait :

— Toi, naguère si riche et si puissant, est-ce que tu serais devenu pauvre ? est-ce que tu serais devenu faible, ô mon maître ? Tu laisses des hommes couverts de haillons vils envahir ton salon, ta chambre à coucher, ta salle à manger, se ruer sur tes meubles et les traîner dehors, traîner dans l’escalier ton fauteuil profond, ton fauteuil et le mien, le fauteuil où nous reposions tous les soirs, et bien souvent le matin, à côté l’un de l’autre. Je l’ai entendu gémir dans les bras des hommes mal vêtus, ce fauteuil qui est un grand fétiche et un esprit bienveillant. Tu ne t’es pas opposé à ces envahisseurs. Si tu