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Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/264

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— Ne pourrait-on, monsieur le préfet, faire comprendre à Laprat-Teulet, qui a rendu de signalés services à la République et au pays, que l’heure a sonné pour lui de rentrer dans la vie privée ?

Le préfet répondit qu’il fallait y regarder à deux fois avant de décapiter la liste républicaine.

Cependant le journal la Croix, introduit dans le département par madame Worms-Clavelin, faisait une campagne atroce contre les sénateurs sortants. Il soutenait la liste nationaliste qui était habilement formée. M. de Brécé ralliait les royalistes assez nombreux dans le département. M. Lerond, ancien magistrat, avocat des congrégations, était agréable au clergé ; le colonel Despautères, obscur vieillard en soi, représentait l’honneur de l’armée : il avait donné des louanges aux faussaires et souscrit pour la veuve du colonel Henry. Le boucher Lafolie plaisait aux ouvriers à demi paysans des