Aller au contenu

Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/296

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

on risque moins à conspirer qu’on ne risquait sous le premier Empire et sous la royauté légitime, et que la troisième République n’est pas sanguinaire. Il l’en estima moins, mais il en éprouva un grand soulagement. Madame de Bonmont seule le considérait comme une victime. Elle l’en aima davantage, car elle était généreuse, et elle lui témoignait son amour dans les larmes, les sanglots et les spasmes, en sorte qu’il passa avec elle, à Bruxelles, quinze jours inoubliables. Ce fut tout son exil. Il bénéficia d’une des premières ordonnances de non-lieu rendues par la Haute Cour. Je ne m’en plains pas, et si l’on m’en avait cru, la Haute Cour n’aurait condamné personne. Puisqu’on n’osait pas poursuivre tous les coupables, il n’était pas très élégant de condamner seulement ceux dont on avait le moins de peur, et de les condamner pour des faits qui n’étaient pas, ou du moins ne semblaient pas suffisamment distincts des faits pour lesquels ils