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Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/349

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perdons pas de temps. Et surtout prenons garde de nous refroidir. Le nationalisme veut être avalé chaud. Tant qu’il est bouillant, c’est un cordial. Froid, c’est une drogue !

— Comment ! une drogue ? demanda sévèrement Lacrisse.

— Une drogue salutaire, un remède efficace, une bonne médecine. Mais que le malade n’avalera pas avec plaisir, ni volontiers… Il ne faut pas laisser reposer la mixture. Agitez le flacon avant de verser, selon le précepte du sage pharmacien. En ce moment, notre mixture nationaliste, bien secouée, est d’un beau rose agréable à voir, et d’une saveur légèrement acide qui flatte le palais. Si nous laissons reposer la bouteille, la liqueur perdra beaucoup en coloration et en saveur. Elle déposera. Le meilleur ira au fond, les parties de monarchie et de religion, qui entrent dans sa composition, se fixeront au culot. Le ma-