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Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/353

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comme vous et ensuite parce qu’on ne les trompe pas, les bons Pères, tandis qu’on trompe les imbéciles.

— Erreur ! profonde erreur ! s’écria Joseph Lacrisse. On voit bien, mon cher, que vous ne connaissez pas l’électeur. Je le connais, moi ! Les imbéciles ne sont pas plus faciles à tromper que les autres. Ils se trompent, c’est vrai. Ils se trompent à chaque instant. Mais on ne les trompe pas….

— Si ! si ! on les trompe, seulement il faut savoir s’y prendre.

— N’en croyez rien, répondit Lacrisse avec sincérité.

Puis, se ravisant :

— D’ailleurs, je ne veux pas les tromper.

— Qui vous parle de les tromper ? Il faut les satisfaire. Et vous le pouvez à peu de frais. Vous ne voyez pas assez le Père Adéodat. C’est un homme de bon conseil, et si modéré ! Il vous dira avec son fin sourire,