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Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/358

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— Je le sais bien, dit Lacrisse.

— Je le sais aussi, dit Frémont. Je connais leur architecte. C’est Florimond, un homme extraordinaire. Vous savez que les bons Pères organisent des tournées de pèlerinage en France et à l’étranger. Florimond, les cheveux incultes et la barbe vierge, accompagne les pèlerins dans leurs visites aux cathédrales. Ils s’est fait la tête d’un maître maçon du xiiie siècle. Il contemple les tours et les clochers avec des yeux extatiques. Il explique aux dames l’arc en tiers-point et la Symbolique chrétienne. Il montre, au cœur de la grande rose des portails, Marie, fleur de l’arbre de Jessé. Il calcule la résistance des murs avec des larmes, des soupirs et des prières. À la table d’hôte, qui réunit les moines et les pèlerins, son visage et ses mains, encore tout gris des vieilles pierres qu’il a embrassées, attestent sa foi d’artisan catholique. Il dit son rêve : « Apporter, humble ouvrier, sa pierre au