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Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/367

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sûr, puissant, efficace. C’est l’Affaire. Nous sommes nés de l’Affaire : nationalistes, ne l’oubliez pas. Nous avons grandi et prospéré par l’Affaire. Elle seule nous a nourris, elle seule nous sustente encore. C’est d’elle que nous tirons notre suc et notre aliment ; c’est elle qui nous fournit notre vivifique substance. Si, arrachée du sol, elle se dessèche et meurt, nous languissons et nous dépérissons.

» Feignons de l’extirper, mais élevons-la soigneusement, nourrissons-la, arrosons-la. Le public est simple ; il est prévenu en notre faveur. En nous voyant bêcher, gratter, racler autour de la plante nourricière, il croira que nous nous efforçons d’en arracher jusqu’à la dernière racine. Et il nous chérira, il nous bénira de notre zèle. Il n’imaginera jamais que nous la cultivons avec amour. Elle a refleuri en pleine Exposition. Et ce peuple candide ne s’est pas aperçu que c’était par nos soins. »