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Page:Anatole France - M. Bergeret à Paris.djvu/389

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Gustave Dellion, et puis elle ne l’avait plus aimé. Mais Gustave, en lui ôtant son manteau clair à fleurs roses sur la terrasse de la « Belle Chocolatière », lui murmura dans l’oreille les noms de « sale rosse » et de « vadrouille », sous les yeux baissés du maître d’hôtel respectueux. Elle ne laissa paraître aucun trouble sur son visage. Mais au dedans d’elle-même elle le trouvait gentil, et elle sentit qu’elle allait l’aimer encore. De son côté, Gustave, pensif, comprit qu’il avait prononcé, pour la première fois de sa vie, une parole d’amour. Et gravement, il alla s’asseoir à table à côté de Clotilde. Le dîner, qui était le dernier de la saison, ne fut point joyeux. La mélancolie des adieux se fit sentir, et une certaine tristesse nationaliste. Sans doute, on espérait encore, que dis-je, on nourrissait encore des espérances infinies. Mais il est douloureux, quand on a tout, le nombre et l’argent, d’attendre de l’avenir, du vague et lointain avenir, le